La Savoie, située au cœur des Alpes françaises, est une région riche en histoire et en folklore. Ses montagnes majestueuses, ses vallées et ses lacs sont le théâtre de nombreuses légendes qui se transmettent de génération en génération.
À travers ces récits, les Savoyards expliquent les mystères de la nature qui les entoure, ainsi que la présence d’êtres surnaturels tels que les fées, les esprits ou encore le diable.
Cet article vous propose de plonger dans les légendes les plus emblématiques de la Savoie.
Sommaire
- L’Edelweiss : Fleur Mystique des Montagnes
- Le Diable dans les Légendes Savoyardes
- Les Fées et Esprits des Lacs et des Montagnes
- Les Nains (Sarvan, Foulat, Follaton) : Facéties et Malices
- Les Géants et Gargantua : Mythes de Force et de Colère
- Les Aiguilles d’Arves : Gardiens des Trésors Cachés
- Le Dahu : Chasseurs et Traditions Humoristiques
L’Edelweiss : Fleur Mystique des Montagnes
L’origine légendaire de l’Edelweiss
Selon la légende savoyarde, l’Edelweiss serait né des larmes de la Dame Blanche, une reine déchue des montagnes, vivant au sommet des neiges éternelles. Entourée d'esprits portant des lances de cristal, elle fascine les alpinistes imprudents qui s’aventurent sur ses terres.
Lorsque l’un d’eux tente d’atteindre la Dame Blanche, elle l’encourage du regard, mais ses esprits le poussent inexorablement vers sa perte, jusqu’à ce qu’il tombe dans un précipice. Les larmes de la Dame Blanche, pleurant leur chute, se transforment en Edelweiss sur les rochers des glaciers.
L’Edelweiss dans la culture locale
L’Edelweiss est devenu un symbole de pureté et de courage, notamment chez les alpinistes qui voient dans cette fleur délicate une récompense à leur bravoure. Son statut de fleur rare la rend précieuse aux yeux des villageois, qui la considèrent comme un véritable trésor des montagnes.

Le Diable dans les Légendes Savoyardes
Le Diable à Bessans
Une des légendes les plus connues à Bessans raconte qu’un villageois, en colère contre son curé, sculpta une figurine du diable tenant un prêtre sous son bras. Chaque nuit, le curé retrouvait la statuette sur sa fenêtre et la remettait à l’homme responsable, mais celui-ci la déposait de nouveau. Ces échanges répétitifs sont devenus le fondement de la légende locale.
Le Diable à Chamonix
À Chamonix, une autre légende décrit comment le diable, sous la forme d’un berger, fut découvert parmi les villageois à cause de l’odeur de soufre qu’il dégageait. Pris de panique, les jeunes le précipitèrent dans les eaux du torrent, qui fut nommé depuis le Nant Noir.
Les Fées et Esprits des Lacs et des Montagnes
Les fées, gardiennes des lieux sacrés
Dans les récits savoyards, il n’existe pas de lac, de grotte ou de source sans sa fée. Ces êtres mystérieux veillent sur la nature et jouent un rôle clé dans les traditions locales. On raconte que ce sont elles qui ont appris aux villageois à fabriquer les fromages, un savoir-faire ancestral.
- Si les villageois les nourrissaient de laitages, les fées restaient bienveillantes.
- En revanche, en cas de manque d’hospitalité, elles faisaient descendre les glaciers sur les alpages en guise de vengeance.
Les esprits des montagnes
Les esprits des montagnes sont tout aussi présents dans le folklore. Ces entités protègent les glaciers et découragent quiconque tente de s’aventurer trop près. Ils sont parfois confondus avec des sarvans, des esprits plus farceurs que malveillants.
Les Nains (Sarvan, Foulat, Follaton) : Facéties et Malices
Les nains, figures enfantines et espiègles
Les sarvans, foulats et follatons sont des nains espiègles qui peuplent les légendes savoyardes. Bien qu’ils soient invisibles aux yeux des villageois, leurs méfaits sont bien visibles. Ils s’amusent à jouer des tours, comme :
- Nouer les queues des chevaux ou des vaches.
- Emmêler les fils des tisserands.
- Chatouiller les jambes des femmes au marché.
Le lien avec les superstitions locales
Les villageois redoutaient ces farces, mais les voyaient comme un rappel de l’importance de respecter la nature et les traditions. Les légendes autour des nains étaient souvent utilisées pour enseigner la prudence et l’humilité face aux forces invisibles des montagnes.

Les Géants et Gargantua : Mythes de Force et de Colère
Gargantua et la création des reliefs savoyards
Le géant Gargantua est une figure légendaire présente dans de nombreuses histoires savoyardes. La plus célèbre est celle de la Pierra Menta, où, dans un excès de colère, Gargantua donna un coup de pied dans la montagne, déplaçant un énorme rocher qui se planta dans le massif du Beaufortain.
Autres récits de géants dans les montagnes
Les géants sont souvent utilisés pour expliquer les reliefs escarpés et imposants des Alpes savoyardes. Ces récits illustrent la force brute et la puissance des montagnes.
Les Aiguilles d’Arves : Gardiens des Trésors Cachés
La vénération des pics rocheux
Les Aiguilles d’Arves sont trois pics rocheux presque symétriques, qui rappellent trois tombeaux. Les premiers habitants de la vallée les considéraient avec crainte et respect. Ils enterraient leurs morts avec les pieds tournés vers les aiguilles, en croyant que ces dernières gardaient des trésors immenses d’or et d’argent, cachés par des esprits des montagnes.
Les traditions autour des Aiguilles
Bien que cette coutume ait cessé, les superstitions persistent. Les paysans racontaient que durant les nuits d’orage, les sarvans et les fées formaient un cercle au pied des aiguilles, jouant à la balle avec un nouveau-né. Si l’enfant survivait, il resterait à jamais déformé et maladif, cherchant la compagnie des serpents.

Le Dahu : Chasseurs et Traditions Humoristiques
La légende du Dahu
Le Dahu est un petit mammifère que l’on rencontre habituellement à partir de 1 500 m d’altitude. En hiver, il s’approche des villages pour trouver de la nourriture. On le reconnaît à sa malformation de pattes : celles de droite sont plus courtes que celles de gauche, ce qui l’oblige à marcher toujours dans le même sens.
Les chasses au Dahu
Les chasseurs attirent le Dahu avec une carotte pour le faire se retourner, ce qui le fait tomber. Son nom viendrait d’un ancien meuble appelé Bahu, et les montagnards l’ont ainsi nommé en référence à leur meuble bancal, illustrant l'humour et la créativité des traditions locales.
