L'hermine, petit animal noble et élégant, est depuis des siècles l'emblème incontournable de la Bretagne. Au fil de l'histoire, ce symbole a trouvé sa place dans les blasons, armoiries et légendes bretonnes, et s'associe à des valeurs telles que la pureté, le courage et la noblesse.
Cet article vous emmène à la découverte de ce symbole, de ses origines historiques à son impact culturel contemporain, sans oublier la célèbre devise bretonne 'Kentoc’h mervel eget bezan saotret', signifiant 'Plutôt la mort que la souillure'.
Sommaire
- L'Hermine : Animal et Symbole Historique
- Les Légendes Autour de l'Hermine
- L'Hermine dans la Culture Bretonne et Héraldisme
- La Devise de la Bretagne : 'Kentoc’h mervel eget bezan saotret'
L'Hermine : Animal et Symbole Historique
Description de l'hermine
L’hermine (Mustela erminea) est un petit mammifère de la famille des mustélidés. Elle se distingue par son pelage brun sur le dessus et blanc dessous, qui devient entièrement blanc en hiver à l'exception de sa queue, dont l'extrémité reste noire.
Ce changement de couleur en hiver, rappelant la pureté, est une caractéristique qui a renforcé son symbolisme dans l’histoire de la Bretagne.
Introduction dans les blasons et armoiries bretons
L’hermine devient un symbole de la Bretagne au début du XIIIe siècle. En 1202, Pierre de Dreux, duc de Bretagne par mariage avec Alix, héritière du duché, introduit l’hermine dans son blason.
Cette brisure de moucheture d’hermine, destinée à distinguer ses armoiries de celles de ses ancêtres, marque le début de l'association entre cet animal et la région bretonne. Tout comme le lys représente la pureté et la royauté pour les rois de France, l'hermine devient pour les ducs de Bretagne un symbole de pureté et de noblesse.
Les Légendes Autour de l'Hermine
Anne de Bretagne et la grâce de l'hermine
Une des légendes les plus célèbres sur l'hermine est liée à Anne de Bretagne (1477-1514), la dernière duchesse indépendante de Bretagne. Lors d'une chasse, Anne aurait croisé une hermine traquée par des chiens. Plutôt que de fuir à travers une mare boueuse, l'animal préféra faire face aux chiens, refusant de salir son pelage. Impressionnée par cet acte de bravoure, Anne laissa l'hermine vivre et en fit son emblème personnel.
- Bravoure de l'hermine
- Refus de se salir, symbole de pureté
- Décision d’Anne de Bretagne de gracier l’animal
Autres versions de la légende
Bien que la légende soit souvent attribuée à Anne de Bretagne, certaines versions plus anciennes associent ce récit à Jean III de Bretagne (1286-1341), qui aurait lui aussi observé l'hermine préférer la mort à la souillure lors d'une chasse. D'autres encore évoquent des figures historiques telles qu'Alain II Barbetorte ou Conan Mériadec, soulignant la profondeur historique de ce mythe dans l'imaginaire breton.
L'Hermine dans la Culture Bretonne et Héraldisme
Héraldique et Armoiries
Dans l'héraldique bretonne, l'hermine est représentée par une **moucheture noire sur fond blanc**, évoquant son pelage hivernal. Au Moyen Âge, les chevaliers bretons, notamment les plus fortunés, couvraient leurs boucliers de **fourrures d'hermines**, alliant ainsi symbolisme et protection lors des combats. En 1316, **Jean III** modifie les armoiries du duché en un simple **blason d’hermines plain**, sans autres éléments, soulignant ainsi l’importance du symbole dans l’identité bretonne.
- Moucheture d'hermine sur fond blanc
- Fourrure d'hermine pour les boucliers au Moyen Âge
- Blason modifié par Jean III en 1316
Symbolisme de l'hermine dans les villes bretonnes
Au-delà des armoiries ducales, l’hermine est également un symbole récurrent dans les blasons de nombreuses villes bretonnes. Des villes comme Rennes, Vannes ou Saint-Nazaire arborent fièrement des armoiries où l'hermine occupe une place centrale, perpétuant ainsi l’héritage historique et culturel de cet emblème.
Aujourd'hui encore, elle est présente dans le drapeau breton, connu sous le nom de Gwenn ha Du, qui comporte onze hermines sans signification spécifique connue.
La Devise de la Bretagne : 'Kentoc’h mervel eget bezan saotret'
Origine de la devise
La devise bretonne, "Kentoc’h mervel eget bezan saotret", se traduit par "Plutôt la mort que la souillure". Elle est étroitement liée à la légende de l'hermine, qui préfère mourir que de salir sa fourrure.
Si elle est principalement associée à Anne de Bretagne, cette devise remonte à l'époque de Jean III, qui l’aurait adoptée après avoir observé un comportement similaire de l’animal durant une chasse.
Cette devise symbolise le courage, l'honneur et la noblesse, des valeurs qui résonnent encore fortement dans la culture bretonne.
Signification et impact sur la culture bretonne
La devise bretonne incarne des valeurs fondamentales telles que la pureté, le courage et l'intégrité. Elle est un reflet de l'âme bretonne, farouchement attachée à son identité et à ses traditions.
L'hermine, en tant que symbole de pureté et de noblesse, incarne cette volonté de préserver son intégrité à tout prix. C'est pourquoi, au fil des siècles, l'hermine est devenue un emblème non seulement des ducs de Bretagne, mais aussi de culture bretonne dans son ensemble.
Aujourd'hui, l'Ordre de l'Hermine, créé par Jean IV en 1381, continue d'honorer ceux qui œuvrent pour le rayonnement de la Bretagne et de sa culture.
Conclusion
L'hermine, à la fois animal gracieux et symbole puissant, incarne depuis des siècles la Bretagne, ses légendes et son histoire.
De son introduction dans les blasons par Pierre de Dreux à la légende fascinante d’Anne de Bretagne, cet emblème s'est imposé comme un marqueur identitaire fort pour la région.
Avec sa devise 'Kentoc’h mervel eget bezan saotret', elle représente les valeurs de pureté, de courage et de noblesse qui sont au cœur de l'identité bretonne.
