Le camouflage militaire est né d’un besoin simple mais vital : survivre et surprendre. Derrière les motifs, les teintes ou les tissus, se cache une guerre d’ombres et de ruses millimétrées. Une science aussi vieille que l’homme…
- Camouflage Centre Europe (CCE)
- Camouflage M81 Woodland
- Camouflage MARPAT
- Camouflage Flecktarn
- Camouflage CADPAT
- Camouflage Desert Night
- Camouflage UCP
- Camouflage Multicam
- Camouflage Multi-Terrain Pattern (MTP)
- Camouflage Disruptive Pattern (DPCU)
- Camouflage M90 suédois
- Camouflage bandes de tigre
- Camouflage Scorpion W2
- Desert Camouflage Uniform (DCU)
- Camouflage Splinter Night
Camouflage Centre Europe (CCE)
Adopté officiellement en 1991 par l’armée française, le camouflage Centre Europe (CCE) est devenu un symbole de l’uniforme national. Inspiré du M81 américain, il s’adapte parfaitement aux forêts tempérées grâce à ses quatre teintes emblématiques : vert foncé, marron, beige et noir.
Sa mission ? Fonder le soldat dans la végétation, éviter toute détection par un œil distrait ou un drone vigilant. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce camouflage n’est pas réservé à la seule France : l’Autriche, entre autres, l’a intégré à ses propres régiments. Comme quoi, la discrétion peut aussi s’exporter.
- Adopté par la France depuis 1991
- 4 couleurs pensées pour la forêt européenne
- Remplaçant du vieux kaki unicolore
- Utilisé aussi par l’Autriche

Camouflage M81 Woodland
Né en 1981, le camouflage M81 Woodland a longtemps habillé les soldats américains dans la jungle, les plaines et les forêts. Ses teintes caractéristiques — vert, noir, beige et brun — offrent un excellent compromis dans les milieux boisés.
De 1981 à 2004, ce fut le motif standard de l’US Army, adopté également par la Navy, les Marines et l’USAF. Aujourd’hui encore, les Navy SEALS ou certaines unités SWAT y recourent ponctuellement, signe de son efficacité persistante. Son succès fut tel qu’il passa des champs de bataille… aux défilés de mode !
- Motif américain dominant entre 1981 et 2004
- 4 couleurs pensées pour l’environnement forestier
- Réutilisé par des unités spéciales (SEALS, SWAT)
- Popularisé dans la mode civile

Camouflage MARPAT
Le MARPAT (Marine Pattern) révolutionne le camouflage militaire américain au début des années 2000. Inspiré du CADPAT canadien, il introduit des motifs pixellisés : une avancée majeure pour brouiller les contours à distance, surtout avec les moyens de vision nocturne ou thermique.
Il existe en plusieurs versions selon les terrains : woodland (forêt), desert (aride), winter (enneigé) et même urban (jamais déployé). Réservé aux Marines, ce motif témoigne d’une stratégie identitaire forte au sein même de l’armée américaine.
- Introduit par les Marines en 2004
- 4 variantes : woodland, desert, winter, urban
- Motif pixellisé conçu pour les capteurs modernes
- Inspiration directe du CADPAT canadien
Le camouflage militaire est né d’un besoin simple mais vital : survivre et surprendre. Derrière les motifs, les teintes ou les tissus, se cache une guerre d’ombres et de ruses millimétrées. Une science aussi vieille que l’homme…

Camouflage Flecktarn
Développé en Allemagne dans les années 1970, le camouflage Flecktarn est rapidement devenu le motif officiel de la Bundeswehr. Il repose sur un principe de tâches colorées, combinant vert pâle, vert foncé, brun rougeâtre, gris foncé et brun verdâtre. Un rendu visuel perturbant qui déstructure la silhouette du soldat.
La technique était révolutionnaire pour l’époque : à la différence des bandes ou des formes géométriques, les petites tâches rendent le repérage bien plus difficile, surtout dans les forêts denses. Le motif est encore utilisé aujourd’hui, non seulement par l’Allemagne, mais aussi par d’autres pays comme le Danemark ou la Suisse.
- Né en RFA dans les années 1970
- Motif tacheté à 5 couleurs
- Parfaitement adapté aux environnements boisés européens
- Utilisé par plusieurs forces armées européennes

Camouflage CADPAT
Le Canadian Disruptive Pattern (CADPAT) est l’un des premiers camouflages numériques utilisés à grande échelle. Conçu dans les années 1990 par l’armée canadienne, il se distingue par ses petits pixels informatisés qui créent un effet visuel de flou, rendant difficile la détection d’un soldat à distance.
Déployé officiellement en 2002, le CADPAT comprend plusieurs variantes : woodland pour les forêts tempérées, aride pour les zones désertiques, et même une version hivernale. Ce camouflage a largement influencé la création du MARPAT américain. Les Forces armées canadiennes continuent de l’utiliser comme tenue réglementaire.
- Développé par le Canada dans les années 1990
- Premier camouflage numérique à grande échelle
- Variantes : forêt, désert, hiver
- Modèle inspirant pour d'autres nations (notamment les USA)

Camouflage Desert Night
Le camouflage Desert Night (DNC) est une création atypique de l’armée américaine dans les années 1990. Il se présente sous forme de grilles vertes et noires, pensées spécifiquement pour déjouer les dispositifs de vision nocturne ennemis. Il accompagnait les soldats lors d'opérations nocturnes dans les environnements désertiques.
Mais très vite, le DNC s’est révélé décevant. Les tests menés pendant la Guerre du Golfe ont démontré que, malgré ses ambitions techniques, il n’était pas plus performant que les camouflages traditionnels. Résultat : une carrière courte, mais qui reste marquante dans l’histoire du camouflage militaire.
- Créé pour contrer la vision nocturne
- Utilisé principalement durant la Guerre du Golfe
- Grilles vert foncé sur fond vert clair
- Abandonné pour manque d'efficacité

Camouflage UCP
Le camouflage Universal Camouflage Pattern (UCP) est sans doute l’un des plus grands échecs de l’histoire récente de l’équipement militaire américain. Conçu au début des années 2000 pour offrir une tenue unique valable dans tous les environnements, ce camouflage gris-vert digitalisé s’est rapidement révélé inefficace dans la plupart des contextes réels.
Que ce soit en forêt, en ville ou dans le désert, le soldat restait trop visible. Malgré les tests initiaux prometteurs, l’UCP a été progressivement abandonné à partir de 2014. Une erreur stratégique qui a coûté des millions de dollars à l’armée américaine.
- Lancé en 2005 par l’US Army
- Teinte grise censée convenir à tous les milieux
- Critiqué pour son inefficacité en opération
- Retiré officiellement en 2019

Camouflage Multicam
À la suite de l’échec de l’UCP, l’armée américaine a introduit le camouflage Multicam : un modèle multiterrain conçu pour rester discret dans des milieux très variés. Sa palette chromatique va du vert au beige, en passant par des teintes intermédiaires, et s’adapte à la lumière ambiante.
Développé par Crye Precision, ce camouflage a vite été adopté par plusieurs armées occidentales. Il s’est imposé comme une solution pragmatique et robuste, aussi bien pour les missions en Afghanistan que dans les forêts européennes.
- Créé par Crye Precision et l’US Army Soldier Center
- Palette dynamique à sept couleurs
- Adopté dans de nombreux pays alliés
- Utilisé par des unités d’élite et les forces régulières

Camouflage Multi-Terrain Pattern (MTP)
Le camouflage MTP est l’équivalent britannique du Multicam. Introduit en 2010 pour remplacer le DPM, il reprend la base graphique du Multicam mais avec des nuances modifiées pour mieux coller aux décors du Royaume-Uni et de ses théâtres d’opération principaux.
Testé en Afghanistan, ce camouflage s’est montré efficace dans une grande diversité d’environnements, des montagnes arides aux plaines européennes. Il est aujourd’hui le camouflage standard des forces britanniques.
- Adopté par l’armée britannique en 2010
- Variante du Multicam adaptée aux besoins anglais
- Utilisé dans les zones arides comme les milieux boisés
- Remplace le célèbre DPM

Camouflage Disruptive Pattern (DPCU)
Le camouflage DPCU, surnommé "Jelly Bean Camo", est le motif typique des forces australiennes. Introduit en 1986, il s’appuie sur une cartographie aérienne du territoire australien pour produire un motif original à base de formes arrondies et de couleurs sobres.
Ce camouflage présente une version désertique appelée DPCU Desert, conçue pour les missions au Moyen-Orient et dans les régions arides. L’identité visuelle du DPCU reste forte et emblématique des soldats australiens.
- Camouflage national australien
- Apparu en 1986, modifié en 2006 pour le désert
- Couleurs adaptées aux paysages australiens
- Motifs arrondis, surnom de "Jelly Bean"

Camouflage M90 suédois
Le camouflage M90 est utilisé par les forces armées suédoises depuis les années 1990. Il repose sur un agencement de formes géométriques tranchées, dans une palette de verts, de gris et de bleus. Cette esthétique très marquée permet une excellente intégration dans les forêts scandinaves.
La Suède a également développé une version désertique du M90, utilisée lors de déploiements au Moyen-Orient. Ce camouflage incarne une identité visuelle forte et cohérente avec l’environnement nordique.
- Adopté par la Suède dans les années 1990
- Formes géométriques très reconnaissables
- Déclinaisons désertiques pour les opérations extérieures
- Symbole d’un savoir-faire scandinave en matière de camouflage

Camouflage bandes de tigre
Le camouflage Tigerstripe ou "bandes de tigre" est apparu dans les années 1960, notamment au sein des forces spéciales américaines pendant la guerre du Vietnam. Ses rayures irrégulières, inspirées de la robe du tigre, offrent une dissimulation très efficace dans les jungles épaisses.
Encore aujourd’hui, des unités d’élite comme la Légion étrangère y ont recours dans certaines zones. Sa composition varie en fonction des modèles, avec plus ou moins de noir selon l’usage nocturne ou diurne.
- Introduit dans les années 60
- Rayures sombres sur fond vert/brun
- Utilisé en jungle et en conditions nocturnes
- Adopté par les forces spéciales (Légion, SEALS...)

Camouflage Scorpion W2
Après l’abandon de l’UCP, l’armée américaine adopte officiellement le camouflage Scorpion W2 en 2015. Directement inspiré du Multicam, ce motif vise une compatibilité maximale avec des terrains variés, sans tomber dans les travers de l’uniformité grise du UCP.
Il est aujourd’hui le camouflage standard des soldats américains. Déployé aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient, il marque une nouvelle étape dans la recherche d’un camouflage à la fois universel, discret et technologiquement avancé.
- Adopté par l’armée américaine en 2015
- Version officielle dérivée du Multicam
- Utilisé en forêt, en désert et en zone urbaine
- Successeur du UCP

Desert Camouflage Uniform (DCU)
Le camouflage DCU est un classique des conflits en zone aride. Deux versions existent : le modèle à six couleurs, surnommé "cookie dough" à cause de ses tâches noires, et le modèle à trois couleurs, plus simple et plus efficace.
Utilisé pendant la guerre du Golfe et en Irak, ce camouflage visait à fondre le soldat dans les teintes sablonneuses. Il a été peu à peu remplacé par le Multicam et ses dérivés plus performants.
- Deux versions : 3 et 6 couleurs
- Spécialement conçu pour les zones désertiques
- Utilisé massivement durant les conflits du Golfe
- Remplacé progressivement par le Multicam

Camouflage Splinter Night
Le camouflage Splinter Night est un motif sombre, conçu pour les opérations nocturnes ou urbaines. Composé de gris, de noir et parfois de bleu foncé, il vise à brouiller la silhouette du soldat dans des environnements très peu éclairés.
Ce type de camouflage est souvent utilisé par des unités spéciales lors de missions commando, où la discrétion est primordiale. Son efficacité repose sur le contraste atténué et l’illusion de profondeur dans la pénombre.
- Motif sombre pour les opérations de nuit
- Utilisé en zone urbaine ou intérieure
- Réservé aux troupes d’élite
- Aspect visuel très spécifique

Conclusion
Ce tour d’horizon du camouflage militaire révèle bien plus qu’une simple histoire de motifs et de tissus. Il raconte l’évolution des conflits, des doctrines et des techniques de dissimulation au fil des décennies. Chaque modèle, du vieux Tigerstripe aux innovations du Multicam, incarne une adaptation à un environnement, une menace et une vision stratégique.
Dans un monde où la détection technologique est omniprésente, le camouflage demeure un outil fondamental de la guerre moderne. Il ne s’agit plus seulement de se fondre dans le décor : il faut tromper les capteurs, les drones, les satellites. Et cela demande une science en perpétuelle évolution.
Finalement, derrière chaque uniforme camouflé, il y a un soldat. Et derrière chaque motif, il y a une histoire. N’oublions jamais cette dimension humaine et technique à la fois, au cœur de l’art militaire.
Questions souvent posées à propos du camouflage militaire
À quoi sert réellement le camouflage militaire ?
Il permet de réduire la visibilité du soldat ou de l’équipement, en fonction de l’environnement, et d’augmenter les chances de survie et d’efficacité en mission.
Pourquoi certains camouflages militaires sont-ils abandonnés ?
Parce qu’ils ne répondent plus aux exigences tactiques ou technologiques. L’UCP américain, par exemple, a été abandonné pour inefficacité sur le terrain.
Le camouflage militaire influence-t-il la mode civile ?
Absolument. Des motifs comme le M81 Woodland ou le Tigerstripe ont inspiré de nombreuses collections dans la mode urbaine ou sportive.
Peut-on créer un camouflage réellement universel ?
C’est l’objectif du Multicam ou du Scorpion W2, mais l’universalité absolue reste un mythe. Chaque environnement impose ses spécificités visuelles.
Les nouveaux camouflages sont-ils adaptés aux drones et caméras thermiques ?
De plus en plus, oui. Les modèles modernes intègrent des technologies de réduction de signature thermique et radar, comme dans le camouflage Desert Night à ses débuts.